Côte d’Ivoire-AIP/Inter/ L’Éthiopie déclare la guerre à la région dissidente du Tigré
Abidjan, 06 nov 2020 (AIP)- Au lendemain de l’imposition de l’état d’urgence pour six mois dans l’État du Tigré, l’Éthiopie a déclaré, jeudi 5 novembre 2020, qu’elle était désormais « en guerre » contre cette région dissidente située dans le Nord du pays, rapportent des médias internationaux.
« Notre pays est entré dans une guerre qu’il n’avait pas prévue. Cette guerre est honteuse, elle est insensée », a déclaré le général Berhanu Jula lors d’une conférence de presse à Addis Abeba, précisant qu’ils s’emploieront à circonscrire la guerre au Tigré.
Le gouvernement fédéral avait décrété l’état d’urgence dans l’État du Tigré après une attaque contre une « base militaire fédérale » dans la nuit de mardi à mercredi 4 novembre. Le Premier ministre Abiy Ahmed accuse le gouvernement de local, dirigé par le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), d’être derrière cette attaque qui intervient après des semaines de conflit discret.
Le TPLF a nié la réalité de ces attaques, inventées selon lui pour justifier l’intervention militaire. « Ce qui a été déclenché contre nous est clairement une guerre, une invasion », a déclaré jeudi 5 novembre le président de la région du Tigré, Debretsion Gebremichael, précisant que « cette guerre est pour la préservation de leur existence ».
Des diplomates à Addis Abeba ont indiqué que des pertes de chaque côté étaient probables, mais aucun bilan officiel des combats n’a été donné jusqu’ici.
Le TPLF a en effet, dominé la coalition qui a renversé en 1991 le régime militaro-marxiste du dictateur Mengistu Haïlé Mariam, puis exercé un contrôle étroit sur l’Éthiopie pendant presque trente ans, jusqu’à l’arrivée au pouvoir en 2018 d’Abiy Ahmed, issu de l’ethnie Oromo, la plus importante du pays. Le TPLF l’accuse d’avoir progressivement marginalisé la minorité tigréenne (6 % de la population) au sein de la coalition au pouvoir.
Les tensions n’ont cessé de croître depuis la convocation en août pour le mois suivant d’élections régionales par le TPLF, s’opposant au report par Addis Abeba de tous les scrutins en Éthiopie en raison du coronavirus. Pour Addis Abeba, ces élections régionales remportées par le TPLF sont illégales.
La semaine dernière, les tensions entre le TPLF et l’armée éthiopienne se sont cristallisées sur le contrôle des personnels et équipements militaires du Tigré. Car la région abrite une part importante des personnels et équipements militaires de l’État fédéral, un héritage de la guerre qui avait opposé en 1998-2000 l’Éthiopie à l’Érythrée. La population du Tigré à majorité Orthodoxes, représente 5 % des quelque 109 millions d’habitants Ethiopiens, mais la région est la plus riche des huit autres régions de l’Éthiopie.
(AIP)
eaa/cmas